Monsieur le président,

Comme mes collègues, je voudrais commencer par remercier la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Madame Sigrid Kaag, de son rapport et de son engagement.

Quatre mois ont passé depuis l’adoption de la résolution 2720. Quatre mois durant lesquels vous avez déployé tous les efforts possibles pour coordonner l’acheminement de l’aide à la population civile, alors que nous faisons face, et nous continuons à faire face, à une catastrophe humanitaire à Gaza.

Le Secrétaire-général l’a dit en début d’année : l'acheminement de l'aide humanitaire ne consiste pas à compter les camions. Il s'agit de veiller à ce que le volume et la qualité d’aide nécessaires parviennent aux personnes dans le besoin, tel que l’exige le droit international humanitaire.

A cette fin, nous attendons des parties qu’elles mettent enfin pleinement en œuvre les résolutions contraignantes que ce Conseil a adoptées depuis les actes de terreur du Hamas le 7 octobre, que la Suisse a fermement condamnés. Il en va de même de l’ordonnance de la Cour internationale de justice, selon laquelle Israël doit prendre sans délai toutes les mesures nécessaires et effectives, en étroite coopération avec l’ONU, pour assurer – sans restriction et à grande échelle – la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence à la population.

Ce Conseil doit faire respecter les résolutions qu’il a lui-même adoptées. Les effets attendus immédiatement ont été souligné maintes fois : la protection effective de la population civile, la mise-en-place d’un cessez-le-feu, l’accès humanitaire à la population dans le besoin, et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Nous devons insister de manière tout aussi urgente pour une désescalade régionale.

A défaut, chaque jour engendrera de nouvelles victimes civiles. La perspective d’une offensive militaire d’envergure à Rafah est inacceptable car elle aggraverait encore la situation de la population civile en proie aux déplacements, aux hostilités, aux épidémies et à la famine.

Le Conseil de sécurité doit insister pour que les parties mettent en œuvre immédiatement leurs obligations de droit international.

L’utilisation de la famine comme méthode de guerre est strictement interdite par le droit international humanitaire et constitue un crime de guerre.

Tous les acteurs humanitaires à Gaza, y compris l’UNRWA, doivent pouvoir accéder à la population dans le besoin de manière sûre et sans entraves. Pour ce faire, l’aide humanitaire doit pouvoir être acheminée par tous les points de passage, puis distribuée dans toute la bande de Gaza, en particulier au Nord. Les informations selon lesquelles l'aide acheminée à Gaza a atteint hier leur plus haut niveau depuis le 7 octobre sont encourageantes. Cela est toutefois de loin insuffisant et les efforts doivent être intensifiés.

Nous rappelons que les entraves arbitraires à l’accès humanitaire sont également interdites par le droit international humanitaire, à l’instar des attaques dirigées contre le personnel, les installations et le matériel humanitaires. Le personnel onusien, humanitaire et médical, ainsi que les infrastructures de l’ONU et d’autres organisations humanitaires doivent être strictement protégés.

Il est impératif que ce Conseil s’exprime sur cette problématique au-delà de contextes spécifiques. La Suisse est en contact avec tous les membres du Conseil sur un projet de résolution à cet égard.

Enfin, la Suisse appelle à ce que des enquêtes indépendantes soient menées sur toutes les violations du droit international humanitaire commises au Proche Orient. Les auteurs de toutes ces violations doivent être amenés à rendre des comptes.

Monsieur le président,

Je le répète : la mise en œuvre immédiate des résolutions de ce Conseil, un cessez-le-feu, l’acheminement de l'aide humanitaire à Gaza de manière sûre, rapide et sans entrave ainsi que la libération des otages doivent être notre priorité. En tant que membres du Conseil de sécurité, nous devons redoubler d’efforts pour y parvenir le plus rapidement possible, et pour éviter à tout prix une escalade régionale encore plus grave.

C’est une condition sine qua non si l'on veut redonner aux populations la perspective d'un avenir pacifique où elles pourront vivre dans la dignité et la sécurité. La Suisse reste prête à soutenir les efforts qui peuvent faire renaître l'espoir de paix à travers une solution avec deux Etats démocratiques, Israël et Palestine, vivant côte à côte, en paix, à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, basées sur les frontières de 1967, y compris avec Gaza en tant que partie intégrante d'un Etat palestinien.

Je vous remercie.