Madame la Présidente,

Nous remercions le secrétaire général adjoint Khaled Khiari pour son exposé. Le lancement de missiles balistiques de portée intercontinentale ainsi que les propos de la vice-présidente du Comité central du Parti des travailleurs de Corée sont des développements particulièrement inquiétants. Ils attisent l’escalade de la rhétorique et les tensions sécuritaires dans la région.

Le rythme soutenu du programme nucléaire nord-coréen et son impact sur la non-prolifération et la sécurité internationale sont une menace pour toute la communauté internationale. Les conséquences humanitaires catastrophiques que provoquerait l’emploi d'armes nucléaires doivent nous inciter à redoubler d’efforts en faveur de la non-prolifération, du désarmement et du maintien du tabou nucléaire. Il est dans l'intérêt de toute l'humanité que les armes nucléaires ne soient utilisées en aucune circonstance. Nous saluons le rappel par les P5, qu'une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée, réaffirmé par le Directeur Wang Yi à la Conférence sur la Sécurité de Munich.

C’est avec inquiétude que la Suisse a suivi l’augmentation des tirs de missiles balistiques, effectués en grand nombre ces derniers mois, par la République populaire démocratique de Corée, qui développe ainsi des vecteurs nucléaires de plus en plus nombreux.

C’est important que le Conseil se réunisse aujourd’hui à ce sujet. Nous réfutons toute caractérisation de nos réunions et délibérations comme une provocation envers la RPDC. Nous ne pouvons pas ignorer notre devoir et des responsabilités qui se déclinent dans les domaines suivants:

Premièrement, dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, il est de notre devoir collectif de condamner les essais de missiles balistiques de la RPDC. Ces tirs sont en violation des résolutions de ce Conseil et donc du droit international.

La Suisse exhorte la RPDC à mettre en œuvre ses obligations selon les résolutions du Conseil et à prendre des mesures concrètes en vue d'abandonner ses armes nucléaires, ses missiles balistiques et ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible. Nous sommons la RPDC de réintégrer le Traité de Non-Prolifération (TNP) en tant qu'État non doté d'armes nucléaires et d’appliquer à nouveau le plus tôt possible les garanties de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Nous appelons également la RPDC, ainsi que tous les autres états figurant dans l’annexe 2, à signer et à ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).

Nous rappelons que si les obligations qui découlent des résolutions valent en premier lieu pour la RPDC, elles s’appliquent également à tous les États, dans la mesure où ils sont tenus d’assurer et de faire respecter la mise en œuvre effective des sanctions pertinentes du Conseil de sécurité.

Deuxièmement, dans le domaine de la mise en œuvre des sanctions, la Suisse salue l’attention croissante du Conseil pour veiller à ce que l’aide humanitaire reste possible. Le Conseil a d’ailleurs démontré son engagement et son unité il y a deux mois en adoptant la résolution 2664 (2022), qui doit être mise en œuvre. Le comité 1718 joue un rôle essentiel afin de faciliter l’aide humanitaire grâce à un système d’exemptions. Ce mécanisme est désormais complété par une exemption humanitaire applicable à l’ensemble des régimes de sanctions. Nous espérons donc qu’une fois les lourdes restrictions liées à la pandémie entravant gravement le soutien humanitaire international, levées par la RPDC, ce soutien humanitaire puisse reprendre rapidement.

Troisièmement, ce Conseil à un rôle à jouer afin d’encourager le dialogue, la désescalade et la recherche de solutions diplomatiques. Pour l’instant, son silence prolongé suscite non seulement l’inquiétude, mais empêche aussi d’agir en faveur d’une action politique sur la péninsule coréenne. Or comme nous l’avons tous entendu dans les interventions précédentes, la volonté collective et individuelle de mener et de soutenir un dialogue avec la RPDC existe. Nous encourageons la RPDC à s’engager avec le Conseil de manière constructive. Cet appel au dialogue serait plus fort s’il s’articulait autour d’une position unie.

La Suisse soutiendra tous les efforts pour parvenir à l’unité de ce Conseil, qui doit garder ses ambitions initiales et assumer son rôle.

Je vous remercie.