Monsieur le Président,

Je remercie le Représentant spécial Abdoulaye Bathily pour son exposé, ainsi que les intervenantes et les intervenants pour leurs exposés. Je salue la présence du Représentant permanent de la Libye à la séance.

Avant d’élaborer trois points, permettez-moi de faire référence au tragique naufrage en Méditerranée après qu'un bateau surchargé ait chaviré et coulé au large des côtes grecques alors qu'il était en provenance de la Libye. Des milliers de migrants meurent et disparaissent chaque année dans la Méditerranée. Nous sommes attristés par l’annonce de ce naufrage et j’exprime mes plus sincères condoléances aux victimes et à leurs proches.

Monsieur le Président,

Premièrement, la Suisse prend acte du travail effectué par le Comité 6+6 à Buznika pour parvenir à un accord sur des projets de lois électorales. Celles-ci représentent certes une étape primordiale du processus politique, mais des lois électorales, à elles seules, n’ouvriront pas la voie vers les élections. Un accord pré-électoral inclusif est nécessaire afin de garantir l’environnement propice de ces élections et l’acceptation de leurs résultats. Dans cet accord, les acteurs libyens devront présenter des engagements fermes pour garantir la sécurité du processus électoral, le respect de la liberté d’expression et d’association et la pleine participation de la société civile. Cet accord doit en outre contenir des jalons clairs et des échéances précises. Ce processus ne peut être mené que sous les auspices de la Mission d’Assistance des Nations-Unies en Libye (MANUL) et à travers l’engagement personnel du Représentant spécial à qui la Suisse réitère son plein soutien. La Suisse exhorte donc tous les acteurs libyens à s’engager de manière constructive, sincère et substantielle, avec la médiation que le Représentant spécial engagera dès à présent pour esquisser les contours de ce pacte pré-électoral.   

Deuxièmement, la Suisse encourage la communauté internationale à soutenir le Représentant Spécial de manière unie et cohérente. Nous sommes prêts pour un tel soutien, en particulier dans les différents niveaux du Processus de Berlin. Le 22 mai dernier, la Suisse et les autres co-présidents ont convié une réunion plénière du Groupe de Travail sur le droit humanitaire et les droits de l’homme à Tripoli. Cette session s’est terminée par la signature d’une Déclaration d’Intention entre le Conseil Présidentiel et les co-présidents du groupe de travail visant à assurer la centralité des droits de l’homme à toutes les étapes du processus politique et de réconciliation, ainsi qu’à établir un dialogue permanent et inclusif pour améliorer la situation des droits de l’homme en Libye.   

Troisièmement, la Suisse observe avec inquiétude que progressivement un discours populiste est invoqué par les agences de sécurité et d’autres acteurs, pour justifier un contrôle excessif qui restreint les droits fondamentaux. Dans ce contexte, nous sommes préoccupés par la récente introduction d’une nouvelle procédure à l’aéroport de Mitiga qui restreint la liberté de mouvement des femmes.

En outre, nous regrettons que des restrictions bureaucratiques continuent de criminaliser le travail des organisations de la société civile libyennes et internationales. Toute législation sur ces organisations doit être conforme aux obligations nationales et internationales de la Libye, telles que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Libye a adhéré. Ce pacte protège notamment les droits fondamentaux à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association, ainsi que le travail des organisations de la société civile et des défenseurs et défenseuses des droits de l'homme. L’ancienne loi n° 19 de 2001 ne répond pas à ces normes qui sont obligatoires pour la Libye.

En ce qui concerne la situation sécuritaire, nous avons suivi avec inquiétude les rapports faisant état de l'utilisation de la force, y compris dans des zones habitées, comme récemment à Zawiyah. Nous demandons à tous les acteurs de prendre les mesures nécessaires pour garantir la protection de la population civile. Parmi elle, se trouvent également les personnes déplacées internes. À cet égard, la Suisse exhorte le gouvernement libyen à continuer de trouver des solutions durables pour ces dernières afin de répondre à leurs besoins tels que l'amélioration de l'accès aux services de base et les efforts de reconstruction.

Monsieur le Président,

La Suisse est convaincue qu’il ne peut y avoir de solution durable - en Libye et ailleurs - sans répondre aux droits de l’homme de chaque individu, en particulier des individus qui sont vulnérables. C’est pourquoi nous sommes prêts à continuer à nous engager et à coopérer dans ce domaine.  

Je vous remercie.

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