Madame la Présidente,

Je remercie le Représentant spécial Abdoulaye Bathily et le Représentant permanent adjoint Yamanaka de leurs exposés.

Avant d’élaborer trois points, permettez-moi de faire référence au tragique naufrage au large de la Libye samedi dernier. 61 personnes en migration se sont noyées. Des milliers de personnes meurent et disparaissent chaque année dans la Méditerranée. Nous sommes attristés par l’annonce de ce naufrage et nous exprimons nos très sincères condoléances aux victimes et à leurs proches.

Dans ce contexte, la protection et la promotion des droits humains restent une priorité. La semaine dernière, nous avons marqué le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Nous faisons écho aux avertissements du Haut-Commissaire Volker Türk, qui a lancé « un signal d’alerte qui doit nous faire prendre conscience que lorsqu’on ne respecte pas les droits humains, il en découle l’instabilité, des souffrances, davantage d’inégalités et des crises économiques ». Mais 75 ans plus tard, la route reste encore longue afin d’y arriver.

Ce signal d’alerte s’applique aussi à la Libye. En redoublant d’efforts pour garantir le respect des droits de l'homme, la Libye peut catalyser la transformation démocratique, et jeter les bases d’un environnement sûr et propice aux élections. Pourtant, nous observons une répression des défenseurs et défenseuses des droits humains, et un rétrécissement de l’espace civique, par exemple par des détentions arbitraires. En outre, les voix des journalistes, des universitaires et de membres de la société civile sont réduites au silence, menaçant le droit à la liberté d’expression. À cette fin, la Suisse - en tant que coprésidente du Groupe de travail sur le droit international humanitaire et les droits de l’homme - a coorganisé une réunion des quatre groupes issus du processus de Berlin. Cette réunion a permis d’identifier des synergies pour la mise en œuvre des droits humains dans les domaines politique, économique et sécuritaire. Nous maintiendrons notre engagement à cet égard.

Mon deuxième message porte sur les élections : après un retard de deux ans, il est grand temps que celles-ci soient tenues, et de manière inclusive. Inclusif signifie avec les femmes. Il est essentiel que les femmes puissent voter et devenir candidates, libres de menaces ou représailles. Inclusif signifie aussi avec les jeunes. Leur participation à ce processus électoral est primordiale pour l'avenir du pays.

Pour faire avancer les aspirations du peuple libyen pour des élections, le compromis et la collaboration sont indispensables. C’est pourquoi la Suisse soutient les efforts du Représentant spécial visant à réunir des acteurs clés. Nous appelons ces acteurs et actrices à accepter l'invitation du Représentant spécial pour une réunion préparatoire.

Mon dernier point porte sur les sanctions. Je voudrais souligner la nécessité de mettre pleinement en œuvre la résolution 2664, pour laquelle une Notice d’aide à l’application a été adoptée par le comité de sanctions. L’exemption créée par la résolution autorise des activités nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire ou à l’appui d’autres activités visant à répondre aux besoins essentiels des populations par les organisations humanitaires. Cette exemption apporte aux différents acteurs impliqués la clarté et la prévisibilité nécessaires. La Suisse continuera à s'engager pour la mise en œuvre conséquente de la résolution 2664.

Madame la Présidente,

Pour revenir aux propos du Haut-Commissaire : les droits de l'homme ne doivent pas rester des mots en marge de nos déclarations, mais ils doivent être au centre de notre gouvernance. Ainsi le prévoit la Déclaration universelle des droits de l'homme depuis 75 ans. Ainsi s’engage la Suisse et nous nous attendons au même engagement de la communité internationale pour la Libye, y compris de la Libye elle-même.

Je vous remercie.

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