Monsieur le Président,

J’aimerais me joindre à mes collègues et remercier le Secrétaire général adjoint Lacroix et l’Envoyée spéciale Tetteh pour leurs exposés. Je salue également la présence des représentantes et représentants du Soudan et du Soudan du Sud à cette réunion.

Comme le Secrétaire général le souligne dans son rapport - et comme nous venons de l’entendre aussi aujourd’hui - le conflit au Soudan a un impact préoccupant sur la situation en Abyei. Il a mis un terme aux dynamiques constructives vers une résolution du différend relatif à la région qui prévalait au début d’année, et aggrave une situation humanitaire et sécuritaire déjà critique. A cela s’ajoutent - et nous l’avons aussi entendu - les confrontations entre les Twic Dinka et les Ngok Dinka des deux côtés de la limite méridionale, qui ont à nouveau augmenté ces dernières semaines. Tout ceci affecte la mise en œuvre du mandat de la Force intérimaire de sécurité de l’ONU pour Abyei.

Compte tenu du risque d'instabilité accrue, j’aimerais souligner trois points :

Premièrement, il faut faire davantage pour protéger la population des incidents armés et pour mitiger l’impact de l’arrivée de ceux qui fuient le conflit au Soudan et des déplacements résultant des tensions intercommunautaires. A cet égard, nous félicitons les Misseriya et les Ngok Dinka pour la Conférence sur les couloirs de transhumance à Noong, et les encourageons à poursuivre cette dynamique positive. En l'absence du Service de police d'Abyei, les comités de protection de la population locale et le comité mixte de protection sont essentiels pour la promotion de l'état de droit et le maintien d’un système d’alerte précoce. Nous saluons le soutien apporté par la FISNUA à cet égard, et réitérons notre appel aux autorités soudanaises à faciliter le déploiement complet de la capacité policière mandatée. En outre, la présence des forces de sécurité des deux pays et la prolifération des armes continuent à nous inquiéter : Abyei doit rester une zone démilitarisée, conformément à la demande de ce Conseil.

Deuxièmement, promouvoir une paix inclusive est fondamental dans les circonstances actuelles. Il est donc important de continuer à investir dans un climat de confiance et de renforcer un engagement communautaire inclusif. Nous saluons d’ailleurs le rôle actif des femmes, que ce soit au travers des forums consultatifs, les comités mixtes pour la paix dans la région d'Amiet et en tant que défenseuses des droits humains. De même, l'implication accrue des réseaux de jeunes dans la diffusion d'alertes précoces montre le potentiel clé des jeunes en tant qu'agentes et agents de paix. Nous soutenons pleinement les efforts déployés par les Equipes pays de l’ONU au Soudan et au Soudan du Sud pour opérationnaliser le programme conjoint d'Abyei, malgré les difficultés, en particulier dans le Nord d’Abyei. Cela est d'autant plus important que les activités économiques et la fourniture en marchandises en provenance du Nord sont perturbés. En outre, nous appelons toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, notamment à autoriser et à faciliter le passage rapide et sans encombre des secours humanitaires.

Troisièmement, la FISNUA joue un rôle essentiel pour la paix et la sécurité en Abyei. Nous saluons son engagement clé pour la protection des civils et la flexibilité opérationnelle dont elle fait preuve face à l’évolution de la situation sur place. Nous espérons une meilleure acceptation de la force grâce au contingent multinational. En raison du conflit, sa reconfiguration a pris du retard. Seulement en pleine capacité opérationnelle la FISNUA serait suffisamment mobile, agile et réactive dans ce contexte difficile. A cet égard, nous appelons le Soudan et le Soudan du Sud à continuer de respecter l'accord sur le statut des forces. Il s’agit notamment de garantir à ce que la FISNUA et le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière puissent continuer à se déplacer librement et à opérer dans des conditions sûres et sécurisées.

Monsieur le Président,

En vue des conditions de plus en plus difficiles, nous réitérons notre plein soutien au travail de la FISNUA, à l’Envoyée spéciale, ainsi qu'à l’Union africaine et à l’IGAD. La Suisse restera engagée à travailler avec toutes les parties prenantes pour atteindre la paix et la prospérité en Abyei.

Je vous remercie.

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