Monsieur le Président,

Je remercie l’Envoyé spécial Hans Grundberg et le Secrétaire général adjoint Martin Griffiths pour leurs exposés, et encore davantage pour leurs efforts en faveur de la paix et de la protection des civils au Yémen.

En ce début d’année, les Yéménites subissent une nouvelle fois les effets d’une inflation galopante et des niveaux d’insécurité alimentaire élevés, aggravés par des mesures économiques toujours plus virulentes mises en place par les parties au conflit. Leurs moyens de subsistance ont été détruits par une sécheresse et des inondations dévastatrices, deux phénomènes exacerbés par le changement climatique. En outre, les Yéménites ne disposent que d’un accès restreint aux services de base, accroissant leurs besoins humanitaires et aggravant la situation des droits humains dans le pays.

La trêve a apporté un répit nécessaire pour la population civile. Nous faisons écho aux appels du Secrétaire général et du Haut-Commissaire pour les Droits de l’Homme aux parties au conflit de rétablir une trêve formelle et d’œuvrer en faveur d'un règlement du conflit négocié. Selon leur expression, il est temps « de choisir la paix pour de bon ».

La Suisse est d’avis que les éléments suivants doivent faire partie de ce choix pour la paix:

Premièrement, Nous saluons le fait qu’une trêve de facto continue en grande partie d’être respectée. Nous appelons les parties à poursuivre le dialogue de bonne foi et à faire preuve de retenue. L’objectif à plus long terme d’un règlement politique intra-yéménite auquel toute la société participe et qui inclue les voix des femmes et des groupes marginalisés doit rester au centre des efforts de paix. Nous saluons les différents dialogues en cours et soulignons notamment l’engagement du sultanat d’Oman. Il est important que tous ces dialogues s’alignent sur les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU auxquels nous exprimons ici notre plein soutien.

Deuxièmement, l’assistance humanitaire doit être guidée par les besoins de la population touchée et faire abstraction de toutes considérations politiques. Actuellement, l'environnement opérationnel pour les acteurs humanitaires, notamment pour les actrices humanitaires, devient de plus en plus restrictif. Or, un accès humanitaire rapide et sans entrave doit être garanti partout dans le pays et par toutes les parties au conflit. Tout le personnel humanitaire, tant les femmes que les hommes, doit être autorisé à se déplacer afin de distribuer des biens ou des services au bénéfice de la population la plus touchée. Nous rappelons également la nécessité de limiter au maximum les restrictions bureaucratiques comme les délais dans l’approbation des visas ou des permis de travail, dès lors que celles-ci empêchent une réponse efficace et conforme aux principes humanitaires.

Troisièmement, nous avons une obligation de protéger les enfants, qui sont particulièrement touchés par ce conflit. Nombre d’entre eux sont victimes de restes explosifs de guerre, mais aussi privés de scolarisation et recrutés pour les efforts de guerre. Nous exhortons ainsi toutes les parties au conflit à protéger le bien-être des enfants, à les libérer immédiatement de leurs rangs et à se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits humains. Nous les appelons à mettre en œuvre les plans d’action signés et leurs engagements concernant les enfants dans les conflits armés. En outre, face à la prévalence des menaces liées aux mines et aux restes explosifs de guerre, nous soulignons l’importance d’autoriser l’importation du matériel indispensable pour le déminage humanitaire et nous invitons la communauté internationale à se mobiliser pour pallier aux financements manquants.

Enfin, s’agissant du pétrolier SAFER, la Suisse appelle à une mise en œuvre rapide de la première phase du plan de sauvetage : les efforts pour éviter une catastrophe écologique en mer Rouge doivent être redoublés. 

Monsieur le Président,

Ce Conseil l’a réaffirmé à de nombreuses reprises: la trêve doit être formellement rétablie et élargie à un cessez-le-feu permanent. Il s’agit d’une étape essentielle en vue d’une paix durable au Yémen. La Suisse réitère ce message aujourd'hui.

Je vous remercie.

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