Madame la Présidente,

La Suisse remercie les Etats-Unis pour l’organisation de ce débat ouvert ainsi que les intervenantes et intervenants pour leurs perspectives.

En 2021, les conflits armés restent le principal facteur d’insécurité alimentaire aigüe. Celle-ci est exacerbée par le changement climatique, les dégradations environnementales, les chocs économiques et la COVID-19. Dans ces conflits, l’insécurité alimentaire et les maladies liées à la malnutrition tuent silencieusement mais sûrement : elles font souvent plus de victimes que les affrontements. Mais la faim n’est pas une fatalité : elle peut et doit être prévenue et soulagée. Il faut d’urgence redoubler d’efforts. Il s’agit de mieux prévenir les conflits armés, respecter le droit international humanitaire, assurer l’acheminement de l’aide humanitaire et réagir rapidement et efficacement aux alertes précoces. L’action du Conseil de sécurité est vitale pour les 77 millions de personnes souffrant de faim aiguë dans des zones de conflit.

La Suisse souhaite mettre en exergue trois domaines d’action qu’elle estime prioritaires:

Premièrement, elle exhorte toutes les parties aux conflits armés à assumer leur responsabilité première de répondre aux besoins de la population civile. A défaut, elles doivent autoriser et faciliter un accès humanitaire rapide, durable et sans entrave aux populations dans le besoin. La Suisse appelle le Conseil à autoriser un tel accès lorsque les parties n’y consentent pas alors que la population civile est menacée par la famine.

Deuxièmement, les sanctions et mesures de lutte contre le terrorisme ne devraient pas accroître l’insécurité alimentaire. La Suisse appelle le Conseil à prévoir des clauses de sauvegarde pour l’action humanitaire lorsqu’il décide ou prolonge de telles mesures. Les clauses de sauvegarde doivent assurer des engagements humanitaires efficaces et impartiaux. La Suisse encourage les groupes d’experts assistant les comités de sanctions à examiner et à rapporter l’impact des sanctions sur l’action humanitaire et la sécurité alimentaire.

Troisièmement, la Suisse souligne l’importance fondamentale de la reddition de comptes pour dissuader les potentiels auteurs de violations et rendre justice aux victimes. Sur notre initiative, le Statut de Rome a été amendé de telle manière que la Cour pénale internationale puisse poursuivre le crime de famine dans les conflits armés internes. Le Conseil peut désormais déferrer à la Cour les situations de conflits armés internes et internationaux où ce crime paraît avoir été commis. La Suisse a initié le processus de ratification de cet amendement. Elle encourage vivement les autres Etats Parties à la Cour à le ratifier également, et les Etats membres à criminaliser ces actes dans leur législation nationale.

Partisane de la première heure de la résolution 2417, la Suisse lui réaffirme aujourd’hui son indéfectible soutien. Elle reste engagée envers les personnes affectées, par une présence humanitaire, et par le financement des opérations du PAM notamment au Yémen, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et au Nigéria. En plus de la sécurité alimentaire, la Suisse soutient aussi l’accès aux services vitaux comme l’eau potable ou l’abri. Elle s’engage enfin dans les processus de paix et de réconciliation et pour le respect et le renforcement du cadre juridique.

Je vous remercie.

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