Madame la Présidente,

La Suisse remercie les Etats-Unis pour l’organisation de ce débat qui s’inscrit dans une semaine dédiée à la thématique, ainsi que les intervenantes et intervenants pour leurs contributions.

« Les conflits, la crise climatique, la covid-19 et la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant ont provoqué une tempête parfaite. » C’est avec ces mots que le Programme alimentaire mondial a tiré la sonnette d’alarme lors du lancement du Rapport mondial sur les crises alimentaires. Cette crise nous impactera tous. Le nombre de personnes en besoin d'une assistance humanitaire urgente pourrait atteindre 323 millions cette année. La Suisse s’inquiète en particulier pour les populations dans les contextes les plus fragilisés et exposés aux chocs des marchés globaux.

Les conflits armés restent un des facteurs principaux de la faim et de la malnutrition. Ainsi, les projections globales sur l’insécurité alimentaire résultant de l'agression militaire russe contre l'Ukraine doivent nous inciter davantage à mettre fin à ce conflit et aux autres conflits armés dans le monde. Ils amènent tous morts, destructions, déplacements forcés et faim. Nous soutenons pleinement le Secrétaire général et ses bons offices pour faire taire les armes.

A cet effet, la Suisse souhaite mettre en exergue trois domaines d’action :

Premièrement, il est urgent de redoubler d’efforts, y compris au sein de ce Conseil, pour garantir un accès humanitaire sans délai ni entraves, faire respecter le droit international humanitaire et prévenir les conflits armés.

Deuxièmement, la communauté internationale doit parler d'une seule voix sur la sécurité alimentaire. Le Conseil de sécurité s’est montré uni sur les normes et principes humanitaires fondamentaux contenus dans les résolutions 2417 et 2573. Celles-ci doivent être mises en œuvre dans toutes les situations à l'ordre du jour du Conseil et tous les Etats doivent les traduire dans leurs législations. Nous espérons que l’Assemblée générale adoptera la semaine prochaine la résolution sur l’état de l’insécurité alimentaire mondiale que la Suisse a coparrainée. La Suisse salue également les recommandations du Groupe de réponse à la crise mondiale sur l'alimentation, l'énergie et les finances, lancé par le Secrétaire général pour une réaction cohérente et coordonnée aux conséquences de l'agression contre l'Ukraine sur les pays les plus vulnérables. Nous écouterons avec intérêt le deuxième briefing sur les acteurs locaux. La valorisation de leurs compétences - en particulier celles des femmes et des jeunes - est clé pour adresser les causes des crises alimentaires.

Troisièmement, la reddition des comptes est essentielle pour dissuader de potentiels auteurs de violations et rendre justice aux victimes. Le Conseil peut désormais déferrer à la Cour pénale internationale les situations de conflits armés internes ou internationaux quand le crime de famine paraît avoir été commis. La Suisse encourage les Etats parties à la Cour à ratifier cet amendement et les Etats Membres à criminaliser ces actes dans leur législation nationale.

Madame la Présidente,

Alors que la quantité de nourriture produite serait suffisante pour nourrir tout le monde, il y a un manque d'égalité dans son accès, exacerbé par les hostilités et les violations du droit international humanitaire. Trouver des solutions politiques aux conflits armés doit faire partie de notre approche globale visant à éliminer la faim, à garantir à tous les êtres humains un accès à une nourriture suffisante et adéquate et à promouvoir des systèmes alimentaires résilients, inclusifs et durables.

En tant que candidate au Conseil de sécurité, la Suisse reste engagée à prévenir et résoudre les conflits afin de rompre le cycle vicieux entre faim et conflits armés.

Merci.

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