Madame la Présidente,

Je remercie son excellence le Président du Mozambique de nous avoir convoqué pour cette réunion, qui nous donne l’occasion de discuter des liens entre la consolidation de la paix et le développement en Afrique. Je remercie également les intervenants pour leurs exposés instructifs.

La Suisse soutient pleinement les efforts visant à instaurer une paix durable en Afrique, élément clé de l’Agenda 2063. L’Union Africaine aspire à mettre un terme aux conflits armés. Pour y parvenir, il faut s'attaquer aux causes profondes et éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes. Car nous venons de l’entendre : malheureusement, les armes parlent encore trop fort en Afrique, mais aussi dans d’autres régions du monde. La prolifération illicite des armes légères et de petit calibre, ainsi que de leurs munitions, continue de semer la violence, de menacer la paix, de déchirer le tissu social et d’entraver le développement.

Face à cette nécessité d’agir, la Suisse souhaite mettre en avant quatre points:

Premièrement, alors que l’offre d’armes doit être réduite, il faut s’attaquer également aux facteurs qui alimentent la demande. L’accent doit être mis sur la prévention de la violence, en considérant l’ensemble des facteurs politiques, économiques et sociaux des conflits. Le cycle de la violence ne peut être rompu que si celui de l’impunité l’est aussi. Il est ainsi essentiel que les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire fassent l’objet d’enquêtes et que les auteurs présumés soient traduits en justice. Pour atteindre des résultats durables, il est ainsi primordial d’intégrer la réduction de la violence armée et la reddition de comptes plus systématiquement dans les efforts de consolidation de la paix et de développement.

Deuxièmement, il est important de renforcer la capacité des gouvernements locaux à fournir des services publics équitables et durables, en particulier dans les régions périphériques et les zones de conflit. Cela améliore la confiance de la population et contribue à restaurer la présence de l’Etat. L’objectif de développement durable numéro 16 appelle à la création de sociétés pacifiques ouvertes à tous et des institutions publiques efficaces, responsables et transparentes. C’est dans ce sens que la Suisse soutient un projet pour une meilleure planification de l’éducation au Niger, notamment dans les situations d’urgence.

Troisièmement, les efforts humanitaires, de consolidation de la paix et de développement doivent être sensibles aux liens entre le changement climatique et les conflits. De nombreux Etats africains connaissent bien l’impact des sécheresses et des inondations. L’insécurité alimentaire et les déplacements massifs de population peuvent exacerber les conflits, et augmenter le risque de recrutement par des groupes armés. Il est urgent que les Etats concernés puissent réduire leur vulnérabilité aux chocs climatiques, afin de renforcer la paix et la sécurité.

Quatrièmement, le dialogue est fondamental pour désamorcer les tensions avant qu’elles n’éclatent en conflit et pour résoudre les conflits déjà existants. Ce dialogue doit systématiquement inclure les femmes et la jeunesse et selon le contexte, d’autres acteurs comme par exemple les chefs traditionnels et religieux. Fidèle à sa tradition en matière de médiation et de bons offices, la Suisse œuvre pour promouvoir des plateformes de dialogue, y compris au niveau régional. Nous soutenons par exemple le processus de Nairobi, pour faire avancer la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les bureaux régionaux des Nations Unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel et pour l’Afrique centrale jouent aussi un rôle clé, notamment en favorisant la création d’espaces de dialogue en collaboration avec l’Union Africaine et les organisations sous-régionales.

Madame la Présidente,

L’initiative « Faire taire les armes » formule des solutions africaines aux défis africains. Elle permet à l’Union Africaine et à ses mécanismes régionaux de renforcer leur capacité à gérer les conflits et les situations de crise, y compris à travers des coopérations transfrontalières.  

Les armes ne se tairont pas tant qu'elles sembleront plus accessibles qu’un emploi ou une formation professionnelle. Je m’adresse donc à tous les acteurs, ici présents ou sur le terrain, qui œuvrent pour une paix durable en Afrique. Nos efforts de paix doivent aller de pair avec des efforts visant à instaurer la confiance, à renforcer les institutions et l'État de droit, à promouvoir la cohésion sociale, à faire respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire, et à créer des perspectives économiques, particulièrement pour les jeunes.

Je vous remercie.

 

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