Monsieur le Président,

« La paix ne s’installe jamais de manière définitive. Il faut l’entretenir chaque jour, chaque instant, que nous soyons un grand politicien ou un simple collégien. »

C’étaient les mots de la jeune activiste pour la paix franco-colombienne Léa Narjoud, prononcés lors des « Geneva PeaceTalks », qui ont lieu en Suisse depuis 2013. Elle illustre ainsi trois conditions clés pour une paix durable : un engagement à long terme, un investissement continu dans la confiance et un discours franc et transparent à tous les niveaux. Ces trois éléments guident aussi depuis longtemps l’action de la Suisse.

Monsieur le Président,

La paix durable est une priorité de la Suisse au Conseil de sécurité, et je vous remercie pour l’organisation de ce débat ouvert. Nous saluons la participation de la Vice-Secrétaire générale, Amina Mohammed, du Président de la Commission de consolidation de la paix, Muhammad Abdul Muhith ainsi que de Madame Diago Ndiaye à ce débat et les remercions de leurs contributions instructives.

Je souhaite illustrer davantage les trois éléments mentionnés – time, trust and transparency – en vue de nos discussions urgentes les prochains mois concernant le Nouvel Agenda pour la Paix du Secrétaire général :

Premièrement, construire une paix durable est un travail de longue haleine, car il faut répondre aux diverses causes des conflits par une approche holistique. Ce Conseil l’a réaffirmé dans sa résolution 2558 (2020) : « le développement, la paix et la sécurité et les droits humains sont inséparables et se renforcent mutuellement ». Concernant la mise en oeuvre de ce « nexus », nous encourageons les membres de ce Conseil à poursuivre des discussions constructives pour renforcer les liens entre ces éléments, par exemple, dans le domaine de la justice transitionnelle ou lors des transitions des opérations de maintien de la paix.

Deuxièmement, nous devons mettre l’accent sur les actrices et acteurs locaux et sur l’inclusivité. C’est ainsi que nous pourrons créer un climat de confiance. La Suisse, organisée selon le principe de subsidiarité, parle ici de sa propre expérience fédérale. Les communautés et autorités locales, dans toute leur diversité, sont toujours en première ligne pour bâtir une paix durable et prévenir une rechute dans la violence. Nous devons miser sur leurs compétences et capacités. La Suisse salue ainsi le travail pionnier de la Commission de consolidation de la paix pour renforcer le rôle des acteurs et actrices nationaux et locaux. Elle encourage à les intensifier en étroite coopération avec ce Conseil. Une paix durable requiert également des institutions fortes et responsables qui protègent et promeuvent les droits des individus qui en dépendent. Si les droits humains sont bafoués, les responsables doivent être tenus de rendre des comptes pour que la confiance en les institutions soit conservée.

Troisièmement, nous devons promouvoir la transparence et la vérité comme bases pour des actions concrètes. Nous faisons face à une complexité inédite de facteurs à l'origine des conflits. Cela inclut les nouvelles menaces pour la sécurité internationale et les multiplicateurs de risque, qu’il s’agisse du changement climatique ou des défis propres au cyberespace. Pour y répondre de manière efficace, le Conseil de sécurité doit disposer d’informations et de données scientifiques à jour et désagrégées selon des critères pertinents, comme par exemple le genre, et les intégrer dans son travail au quotidien. Il doit tenir compte et contrer la menace que représente la désinformation pour la paix et la sécurité.

Monsieur le Président,

Lors du dernier examen du dispositif de consolidation de la paix en 2020, des experts et expertes éminents nous ont rappelé [et je cite] que « la consolidation de la paix est la manifestation concrète de l'engagement des Nations Unies à préserver les générations futures du fléau de la guerre ». Cette responsabilité vis-à-vis des jeunes hommes et femmes garde toute son importance. Avec les agendas « Femmes, Paix, Sécurité » et « Jeunes, Paix, Sécurité », ce Conseil dispose d’outils pertinents et surtout d’un réservoir riche de bâtisseurs et bâtisseuses de paix. Il s’agit maintenant d’utiliser cet énorme potentiel.

En construisant sur les acquis et expériences des dernières décennies, le Nouvel Agenda pour la paix doit servir de levier clé pour la construction d’une paix durable. En ces temps sombres, nous le devons à toutes les générations, partout dans le monde, de conjuguer nos efforts et de saisir cette opportunité.

Je vous remercie.