Monsieur le Président,

La Suisse remercie la Chine pour l’organisation de ce débat ouvert et les intervenants pour leurs contributions.

« Il ne peut y avoir de paix sans développement, de développement sans paix, ni de paix ou de développement durable sans respect des droits de l'homme et de l'État de droit ». C’est ce que soulignait déjà Jan Eliasson, ancien vice-Secrétaire général de l’ONU en 2013. Aujourd’hui, les États d’Afrique subsaharienne restent parmi les plus touchés par les conflits armés et d’autres situations de violence, souvent exacerbés par les impacts du changement climatique sur la sécurité humaine. La Suisse s’engage pour la pérennisation de la paix à travers les actions suivantes :

Premièrement, une approche holistique avec des partenariats variés est indispensable pour s'attaquer aux causes profondes des conflits et construire une paix durable. La Suisse partage son expertise en matière de paix, d’aide humanitaire et de développement. Elle collabore étroitement avec les acteurs multilatéraux, régionaux et locaux en Afrique, en appui aux priorités des États membres et en ligne avec l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Par exemple, au Mozambique, la Suisse soutient un meilleur accès à la terre en renforçant le dialogue entre le gouvernement local, la société civile et le secteur privé. Nous avons également intensifié la coopération entre la justice suisse et celle de certains États africains, notamment en République centrafricaine. Finalement, conscients du rôle de la société civile dans la consolidation de la paix, nous avons collaboré directement avec des communautés rurales, par exemple au Burkina Faso, dans l’adaptation de la gestion des troupeaux face aux défis climatiques et sécuritaires.

Deuxièmement, le Conseil de sécurité et l’ONU se doivent de soutenir les capacités des organisations régionales et subrégionales en matière de consolidation de la paix. Le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité est une bonne pratique qui favorise une coopération étroite. La Suisse salue également le travail des organisations régionales africaines quant à la sécurité alimentaire et le changement climatique. En outre, elle appelle le Conseil de sécurité à systématiquement prendre en compte la contribution essentielle des femmes et des jeunes dans les processus de paix, et de leur assurer un soutien accru. Par exemple, à travers les mandats régionaux de l'ONU tels que les Bureaux pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS) et de l’Afrique centrale. Ainsi, la Suisse soutiendra UNOWAS dans l’organisation d’un « séminaire pour la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest » en début de 2023.   

Troisièmement, la Suisse soutient la mise en place d’un financement suffisant, prévisible et durable de la consolidation de la paix. Elle compte en effet parmi les 10 principaux donateurs du Fonds pour la consolidation de la paix. Travaillant en complémentarité avec d'autres mécanismes de financement et partenaires, le PBF est particulièrement bien placé pour servir de catalyseur pour la paix, en particulier en Afrique. Toutefois, l’expérience a montré que les financements sont encore insuffisants et ne permettent pas d’adresser durablement les causes de conflit. Ainsi, la Suisse participera activement lors des négociations, facilitées par le Kenya et la Suède, d’une résolution sur le financement de la consolidation de la paix, ainsi qu’aux négociations dans la Cinquième Commission sur la possibilité d’accorder des contributions statutaires au Fonds. Ce n’est qu’avec des ressources suffisantes, que nous serons à même d’appuyer le développement durable et la consolidation de la paix en Afrique. À cet égard, la Suisse contribue également au Fonds vert pour le climat et au Fonds d’adaptation aux changements climatiques qui portent une attention particulière à l’Afrique et à la prévention de conflits.

Monsieur le Président,

L’Afrique subsaharienne continue de grandir dans son rôle d’acteur politique, économique et mondial. Malgré de nombreux défis, sa rapide mutation offre de nouvelles perspectives. En tant que membre élu au Conseil de sécurité, la Suisse continuera son partenariat de long-terme avec les pays africains ainsi qu’avec l’architecture africaine de paix et de sécurité afin de construire et de consolider ensemble une paix durable.

Je vous remercie.