Madame la Présidente,

Merci beaucoup d’avoir convoqué ce débat ouvert. Je tiens également à remercier les intervenants et intervenantes pour leurs exposés.

Fauziya Abdi, présidente d’un réseau d’organisations kenyanes dévouées à la prévention de l’extrémisme violent, a récemment défini la résilience comme « la capacité de changer, afin de ne pas être changée soi-même par les menaces externes ».

Cette résilience ne peut qu’émerger si la population est impliquée dans ce changement. Le système de maintien de la paix, y inclus les missions, doit quant à lui être doté d‘outils efficaces, inclusifs et adaptés à la réalité du terrain.

Nous souhaitons mettre trois éléments en exergue relatif à ce défi :

Tout d’abord, les missions de maintien de la paix peuvent encourager une prévention de la violence qui traite des causes racines de la violence. La population affectée, en particulier les femmes, trop souvent laissées à l’écart, doivent pouvoir engager un dialogue substantiel et pertinent avec les autorités locales sur la bonne gouvernance, les droits de l'homme, l'État de droit ainsi que la prise en compte des enjeux sécuritaires du changement climatique. À ce titre, nous sommes très reconnaissants au Ghana d’avoir été l’hôte l’année dernière du premier Cours régional pour la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest, que la Suisse a organisé avec l’Union africaine.

Ensuite, l’action cohérente du système onusien est d’une grande importance, et l’intégration efficace des acteurs devient cruciale lors d’une transition des opérations de maintien de la paix. Une coopération étroite entre le bureau du coordonnateur résident et la direction des missions en est un aspect clé, tout comme la coordination avec les différents bailleurs et institutions financières internationales, comme par exemple le Fonds mondial pour l'engagement de la communauté et la résilience (GCERF). Nous encourageons également le Fonds de consolidation de la paix de l'ONU à jouer pleinement son rôle fédérateur au sein du système onusien et au-delà de celui-ci avec des partenaires stratégiques, tels que la Banque Mondiale.

Finalement, la population locale doit être acquise aux objectifs des missions de maintien de la paix avec une participation égale et significative des femmes. Une bonne communication stratégique, mais également une réponse efficace aux attentes de la population civile sont la base de cette acceptation. Des projets reliant les piliers sécuritaires, humanitaires et de développement peuvent également offrir des perspectives, notamment aux jeunes, et en faire des bâtisseuses et bâtisseurs de paix.

Madame la Présidente,

Quel rôle pour le Conseil de sécurité dans ce défi ?

D’abord, il doit encourager l’action conjointe des multiples acteurs, p.ex. en sollicitant systématiquement le soutien de la Commission de consolidation de la paix. Ensuite il faut qu’il s’exprime clairement – y inclus sur le financement prévisible et durable des missions de l’ONU et des organisation régionales. Surtout, il lui incombe de façonner des mandats qui tiennent compte des multiples défis et permettent aux missions d’agir directement et d’interagir efficacement avec d’autres acteurs contre les causes de la violence.

La résilience, quant à elle, doit être encouragée et soutenue, mais elle ne peut être exigée à défaut d’une action collective contre la violence. Et c’est en ce sens, et avec cette perspective à long terme, que la Suisse compte s’engager.

Je vous remercie.