Madame la Présidente,

La Suisse remercie le Royaume-Uni pour l’organisation de cette réunion informelle. Nous remercions aussi les intervenants et l’intervenante pour leurs contributions. Elles mettent en lumière la situation catastrophique sur le terrain et le courage de celles et ceux qui s’engagent en vue de restaurer la démocratie au Myanmar. Nous saluons également la contribution du CRPH à cet égard, en particulier l’interim Federal Democracy Charter, qui a été élaborée en collaboration avec les principales parties prenantes et qui constitue la base pour une démocratie inclusive.

Nous appelons la communauté internationale à renforcer son engagement pour la résolution de cette crise selon les trois axes suivants :

Premièrement, la Suisse exhorte les autorités militaires à restaurer le gouvernement civil démocratiquement élu et demande la libération sans condition de toutes les personnes arbitrairement détenues. La Suisse est extrêmement préoccupée par la répression violente menée par les autorités militaires. Nous sommes fortement inquiets de l’usage de la force disproportionné, y compris létal, contre la population, et notamment contre des manifestants pacifiques et des enfants. Nous condamnons également les violations du droit à la liberté d’opinion et d’expression. Nous tenons à rappeler ici la résolution du Conseil des droits de l’homme adoptée par consensus en mars ainsi que la déclaration conjointe de début avril par près de 80 États Membres sur la situation des journalistes au Myanmar. Les violations du droit international doivent immédiatement cesser et la reddition de comptes doit être assurée. Ces violations doivent faire l’objet d’enquêtes crédibles, transparentes, indépendantes et impartiales. A cet égard, la responsabilité primaire incombe au Myanmar. La Suisse exhorte le Myanmar à collaborer avec le Mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar. De manière complémentaire, la Suisse appelle le Conseil de sécurité à déférer la situation à la Cour pénale internationale.

Deuxièmement, il est primordial de travailler à une solution politique à la crise. La Suisse, qui s’est activement engagée dans la transition démocratique au Myanmar, appelle les différentes parties à chercher le dialogue et la réconciliation et reste à disposition pour les soutenir dans ces efforts avec son expertise. Nous soutenons également tout effort de l’ASEAN afin de faciliter une solution négociée à la crise et un retour à la démocratie au Myanmar. Le mandat de l’Envoyée spéciale de l’ONU est aussi particulièrement important dans ce contexte. La Suisse appelle les autorités militaires à permettre sans plus attendre une visite dans le pays, étant entendu à l'avance que la possibilité sera accordée à l’Envoyée spéciale de rencontrer les dirigeants militaires, les dirigeants du gouvernement civil qui ont été arrêtés et les représentants du mouvement démocratique afin d’engager un dialogue.

Troisièmement et en complément, il est crucial que l’ONU reste engagée sur cette crise avec la plus grande priorité. La Suisse soutient l’appel de différents mécanismes de l’ONU pour que le Conseil de sécurité prenne des mesures concrètes contre l’escalade de la violence au Myanmar. Elle appelle ce Conseil à continuer de suivre activement la situation dans le cadre de son programme de travail formel. La Suisse estime également que l’Assemblée générale a un rôle complémentaire à jouer dans le cadre de ses compétences face à des situations urgentes comme celle-ci.

Il est grand temps que le Conseil de sécurité prenne les mesures qui sont à sa disposition pour mettre fin à la crise. L’inaction ne saurait nous être pardonnée face à l’escalade des violences, à la gravité des conséquences sociales et humanitaires, et aux avertissements d’un embrasement plus grand encore proférés par l’Envoyée spéciale dans ses briefings au Conseil de sécurité ainsi que devant l’Assemblée générale.

Je vous remercie.