La mise en oeuvre de l’Agenda 2030 et de ses 17 objectifs, cette série de mesures qui visent à transformer la planète selon les principes de la durabilité, a pris du retard, notamment en raison de la pandémie. Il s’agit de redoubler d’efforts pour les mettre en œuvre et les Nations Unies peuvent jouer un rôle d’accélérateur. En effet, le Conseil économique et social (ECOSOC), qui est l’organe onusien principal chargé de travailler à l’élimination de la pauvreté et à l’encouragement du développement durable sous ses aspects économiques, sociaux et environnementaux, est au centre des actions pour mettre en œuvre les objectifs du développement durable.

L’ECOSOC est une grosse machine (lire l’interview ci-dessous) dont le fonctionnement est parfois entaché de lenteurs et de lourdeurs qui nuisent à son efficacité. Depuis son adhésion à l’ONU il y a une vingtaine d’années, la Suisse s’est toujours engagée pour des réformes du système onusien. Mais avant de réformer, il faut s’assurer de bien comprendre et de bien maîtriser le système. C’est pourquoi, elle publié en 2010 The GA Handbook: A practical guide to the United Nations General Assembly qui a été mis à jour en 2017. C’est un instrument très apprécié à l’ONU à New York. C’est également dans cet esprit qu’est publié The ECOSOC Handbook : A practical guide to the United Nations Economic and Social Council cette année, qui marque le 20ème anniversaire de l’adhésion de la Suisse à l’ONU suite à l’acceptation d’une initiative populaire. 

A l’occasion de la publication de ce nouveau guide, nous avons posé quelques questions à Johann Aeschlimann, auteur des deux guides en question :

Comment avez-vous fait pour collecter toutes ces informations ? 
J’ai posé beaucoup de questions à beaucoup de monde. Bien sûr, j'ai lu le règlement intérieur et les diverses résolutions et j'ai discuté avec des délégués. Mais la réalité du Conseil ne reflète pas toujours le cadre écrit, et les délégués vont et viennent. Très vite, j'ai compris que je devais m'adresser aux gardiens de la mémoire institutionnelle de l'administration des Nations Unies.

Quelles ont été vos principales sources d'information et comment avez-vous procédé pour en faire un manuel cohérent ?
Deux départements du Secrétariat de l'ONU sont principalement concernés par l'ECOSOC, à savoir le Département de l'Assemblée générale et de la gestion des conférences et le Département des affaires économiques et sociales. Dans les deux départements, j'ai eu des interlocuteurs extrêmement utiles et d'une grande patience pour répondre à mes innombrables questions. En raison de la COVID, nous ne nous sommes pas vraiment rencontrés, mais nous avons eu plusieurs réunions en ligne et un vaste échange d'e-mails. 

 Avez-vous eu des surprises au cours de votre travail, qu'est-ce qui vous a le plus étonné ?
Je n'ai jamais été délégué à l'ECOSOC et je n'avais qu'une vague idée de l'institution lorsque j'ai commencé mon travail. Ma plus grande surprise a été de constater l'étendue du champ d'action du Conseil. "Économique" et "social" couvre presque toutes les facettes de l'expérience humaine. La deuxième surprise a été de découvrir l'importance de l'ECOSOC pour le suivi des objectifs du développement durable.

Vous aviez déjà rédigé le manuel de l'AG, maintenant celui de l'ECOSOC. Pourquoi la Suisse joue-t-elle un rôle aussi actif dans ces guides et comment cela est-il lié à l'engagement de la Suisse en faveur des réformes de l'ONU en général ?
Je ne suis pas le Gouvernement suisse et je ne peux pas parler en son nom. Mais en tant que citoyen suisse, je sais que la Suisse prend au sérieux son adhésion aux Nations Unies. Après tout, il nous a fallu deux votes pour y adhérer. Nous avons donc intérêt à ce que l'organisation fonctionne bien. Lorsque l’on sait comment fonctionne l'institution, on peut davantage se concentrer sur le fond des problèmes.

Johann Aeschlimann
Johann Aeschlimann, l'auteur du guide

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The ECOSOC Handbook
Le guide, que vous retrouverez en version digitale ci-dessous