Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.

Monsieur le Président,

La guerre et la violence éclatent souvent brusquement, dans un fracas douloureux, causant de nombreuses victimes, très souvent civiles, de part et d’autre, comme l’ont tristement rappelé les événements au Proche-Orient depuis les tirs de roquettes effectués par le Hamas le 7 octobre et ses attaques menées contre Israël.

La guerre éclate souvent brusquement.

Mais comment se construit donc la paix ? Ce débat nous donne l’occasion d’aborder cette question, et je remercie le Brésil de nous avoir convoqués à cette fin. Comme mes collègues, je voudrais aussi remercier le Sous-Secrétaire général Khiari ainsi que les Présidentes et Présidents - ou ex Présidents - Bachelet, Mbeki et Mme Echavarría Alvarez de leurs contributions.

La bâtisseuse de paix colombienne, Genith Quitiaquez s’est exprimée récemment sur ce sujet. Elle a dit: «La paz es la construcción conjunta del rio, puede parecer un camino complejo, con piedra, con múltiples pobladores donde las mujeres seremos la espuma que busca siempre ganar la paz y hacer acciones transformadoras.» 

Ces mots nous rappellent que la paix est une œuvre collective. Déjà en 1945, cette conviction a été profondément ancrée dans la Charte des Nations unies par ses architectes.

Toute construction commune, et certainement celle de la paix, requiert la confiance. Ceci était d’ailleurs le sujet de notre débat ouvert en mai dernier. C’est aussi une observation que la Suisse a faite dans toutes ses expériences de médiation, et notamment dans le processus de médiation de la Colombie, que nous accompagnons depuis plus de 20 ans. 

Bien sûr, la confiance ne va pas de soi. Elle se construit et se gagne. 

La confiance trouve souvent un terrain fertile dans les organisations régionales qui encouragent un dialogue continu et une coopération technique. Ainsi, au fil des années, ces centaines d’échanges sincères, de promesses tenues et de démonstrations de bonne foi se complémentent pour former une base solide à des coopérations ambitieuses.

Il n’est donc pas surprenant que les organisations régionales parviennent souvent à maintenir le cap même en eaux troubles. La Suisse est membre de la plus ancienne organisation régionale, la Commission centrale pour la navigation du Rhin, l’un des grands fleuves européens. Moi-même, en tant qu’enfant de la ville rhénane de Bâle, je suis toujours impressionnée de voir à quel point cette artère fluviale s’est transformée en une source de coopération et de confiance transfrontalières.  

Les organisations régionales sont donc bien placées pour prendre les devants dans la médiation des conflits. Les Discussions internationales à Genève sur la Géorgie en sont un bon exemple. Dans ce cadre, sous l'égide de l'OSCE, de l'Union européenne et de l'ONU, des questions pratiques essentielles pour les populations touchées par les conflits sont abordées. Cette coopération est cruciale pour la paix et la stabilité en Géorgie au vu des enjeux qui restent – quinze ans après la guerre – non résolus.

Qu’en est-il donc du Conseil de sécurité lorsque les organisations régionales prennent les devants ?

Le Conseil a un triple rôle à jouer : un rôle de gardien normatif, un rôle de catalyseur et un rôle préventif.  

Je m’explique :

Tout d’abord, le Conseil de sécurité se doit de veiller à ce que les arrangements régionaux soient conformes aux normes universelles, comme les droits humains. Le respect des normes favorise la confiance, comme l’a mis en évidence le Haut-Commissaire Volker Türk dans cette salle le 3 mai. – Voilà le rôle de gardien normatif du Conseil.

Ensuite, le Conseil peut amplifier les efforts régionaux de médiation des conflits. Un levier important à ce propos est le partage de perspectives et de recommandations. Les visites du Conseil sur le terrain ou ses dialogues interactifs informels sont des occasions d’un tel partage qui permet à tous les acteurs et actrices d’agir plus efficacement en faveur de la paix. – Voilà le rôle de catalyseur du Conseil. C’est aussi là, d’ailleurs, que la Commission pour la consolidation de la paix peut jouer son rôle fédérateur. 

Enfin, il est crucial que ce Conseil assume son rôle préventif en misant sur la coopération au sens large. Cela concerne d’une part les missions politiques spéciales de l'ONU. Nous devons veiller à ce que ces missions puissent s’engager davantage dans la prévention, notamment en renforçant les efforts régionaux. D’autre part, le Secrétaire général devrait utiliser pleinement tous ses outils de médiation, comme il s’engage à le faire dans son Nouvel Agenda pour la paix. 

Monsieur le président, 

Comme l’a souligné le Sous-Secrétaire général avant, le Nouvel Agenda pour la paix peut nous servir à toutes et tous – Conseil de sécurité, ONU, acteurs et actrices régionaux, sous-régionaux et locaux – de point de référence commun. On dit que le tout est plus que la somme de ses parties. Cela vaut également pour les vecteurs de la paix au niveau local, régional et mondial – mais seulement si ces vecteurs tendent vers la même direction, s’unissent dans le même but, tel que les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Cela me ramène à la Commission centrale pour le Rhin mentionnée plus tôt. Elle reste un témoignage vivant de la force de la coopération qui nous permet de réaliser des objectifs communs, parfois à contrecourant, parfois avec le vent en poupe. Par-dessus tout, le règlement pacifique des différends, qui reste une obligation pour tous les Etats membres, guidés par une conviction partagée : que chaque conflit évité profite à l'ensemble de l'humanité.

Je vous remercie.

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