Madame la Présidente, 

Je remercie l’Envoyé spécial Pedersen et Secrétaire général adjoint Griffith pour leurs interventions. Mes pensées vont encore une fois à toutes les victimes du tremblement de terre d'il y a un an – j’y reviendrai dans la partie humanitaire de mon intervention.

Sur le plan sécuritaire, la situation continue de se dégrader dans toute la Syrie, avec des hostilités de plus en plus violentes. Les attaques menées par de nombreux acteurs étatiques et non-étatiques sur l’ensemble du pays témoignent de la spirale de violence régionale en cours. Nous appelons toutes les parties ainsi que les acteurs ayant une influence sur elles à faire preuve d'un maximum de retenue. Toute action doit être conforme au droit international, y compris le droit international humanitaire. Les civils ainsi que les infrastructures civiles doivent être protégés. La Suisse demande la mise en œuvre d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, conformément à la résolution 2254. 

Sur le plan politique, nous saluons les efforts inlassables de l'Envoyé spécial pour relancer le processus. Ses prises de contact avec les acteurs au niveau régional et international s’inscrivent dans le cadre prévu par ladite résolution et son approche « pas par pas ». La Suisse reste à disposition pour faciliter tout type de pourparlers et d’initiative, y compris les réunions du Comité Constitutionnel, visant à promouvoir une solution politique durable sous l’égide de l’ONU. 

A chaque étape, rester à l’écoute de la société civile demeure fondamental. La Suisse se félicite de la récente tenue de la Plateforme de soutien à la société civile et du Conseil consultatif des femmes à Genève. Espaces de dialogue inclusifs, ces plateformes sont un relai essentiel pour porter la voix des Syriennes et Syriens au niveau international. Nous saluons en outre leur travail afin d’identifier une approche commune sur des sujets comme la gouvernance locale et la décentralisation. Les fruits de ces efforts constituent autant de points d’entrée pour le processus politique en Syrie.

Par ailleurs, nous rappelons l’importance de la lutte contre l’impunité et le travail du Mécanisme international impartial et indépendant à cet égard.

Comme porte-plume humanitaire du dossier Syrien je me tourne maintenant vers la situation humanitaire. Nous demeurons préoccupés par les besoins humanitaires qui ne cessent d’augmenter. Selon les Nations Unies, en 2024, 16,7 millions de personnes en Syrie ont besoin d'aide humanitaire, dont 45% d’enfants. Il est inquiétant qu’en même temps, les fonds diminuent de manière importante et que des organisations humanitaires soient forcées de réduire voir même de suspendre leurs opérations. 

Les enfants syriens payent un tribut particulièrement lourd dans ce conflit qui dure depuis presque treize ans. Une génération grandit sans souvenir d'une époque sans conflit. 2,4 millions d’enfants en âge d’être scolarisés ne vont pas à l’école, affectant ainsi fortement leurs opportunités futures. Les enfants sont particulièrement vulnérables à une multitude de risques, dont le travail des enfants, les mariages précoces et forcés et la traite des êtres humains. Ils continuent à être exposés au risque d'être recrutés, à être victimes des combats et leurs écoles continuent d’être attaquées. Nous appelons toutes les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les enfants et mettre fin à ces violations graves. 

Aujourd’hui, en Syrie, un tiers des écoles ont été détruites dans les combats, endommagées par les tremblements de terre ou servent d’abris aux personnes déplacées. A cet égard, les projets de relèvement rapide sont essentiels pour rétablir l’accès aux services de base en Syrie, y compris l’éducation.

Madame la Présidente,

Vu l’ampleur des besoins, il est crucial que le Conseil garde son attention sur ces développements. A ce propos, il est à saluer que l’autorisation pour les points de passage de Bab al-Salam et Al Ra’ee ait été prolongée au-delà du 13 février. Les acteurs humanitaires ont toutefois besoin d’une plus grande prévisibilité pour planifier leurs activités, de surcroît avec des ressources de plus en plus réduites. L’accès humanitaire ne doit pas être limité dans le temps. Toutes les modalités de l'aide – y compris l’aide transfrontalière et celle fournie à travers les lignes de front – sont nécessaires. Nous rappelons qu’autoriser et faciliter le passage de l’aide humanitaire est une obligation de droit international humanitaire.

Pour finir, j’aimerais réitérer que c’est notre responsabilité, en tant que Conseil, de mettre en place le cadre politique et sécuritaire prévu par la résolution 2254, afin que les acteurs humanitaires puissent travailler de manière efficace et sans entraves. Pour cela, et pour un réel progrès vers une solution politique, toutes les parties doivent renouer un dialogue constructif.

Je vous remercie.

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