Monsieur le Président, 

Je voudrais remercier les représentantes et représentants de l’OCHA, de la FAO et du PAM de leurs exposés et aussi des mesures proposées. La Suisse est reconnaissante pour l’engagement continu et courageux de toutes et tous les actrices et acteurs humanitaires et intervenants locaux de première ligne face à la situation désastreuse à laquelle les Soudanaises et Soudanais sont confrontés – « the stuff of nightmares », comme l’a appelé Madame Wosornu.

Nous sommes consternés par le niveau alarmant de l'insécurité alimentaire et le risque réel de famine qui est en fait plus qu’un risque, mais qui est en train de se matérialiser. Le conflit dévastateur qui se poursuit sans relâche en est la cause principale. La Suisse, en tant que point focal au Conseil sur les conflits et la faim, avec le Guyana, salue le mécanisme d’alerte précoce institué par la résolution 2417. Dans cette même résolution, ce Conseil s'est engagé à examiner les moyens de traduire les alertes précoces en actions concrètes. Nous devons agir de concert et maintenant avant que des millions de personnes ne meurent de faim.

Face à cette situation, et en ligne avec les recommandations contenues dans la note, la Suisse souhaite souligner surtout trois points :

Premièrement, nous appelons les parties au conflit à immédiatement faire taire leurs armes et à entamer un dialogue autour d’une solution politique à cette guerre qui n’a que trop duré. Il y a deux semaines, ce Conseil appelé les parties à cesser immédiatement les hostilités pendant ce mois de Ramadan. Il faut maintenant respecter cette décision. Néanmoins sur le terrain, les combats continuent sans relâche. La mise en œuvre de la résolution 2724 est cruciale pour que l’aide humanitaire puisse être acheminée de manière rapide, sûre et sans entraves par-delà les frontières et les lignes de front. Les obstacles bureaucratiques et administratifs auxquels se heurtent les acteurs et actrices humanitaires doivent être levés immédiatement.

Deuxièmement – et je voudrais ici faire écho à Monsieur Martina de la FAO – nous rappelons que les parties doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits humains. L’usage de la famine comme arme de guerre contre la population civile est interdit et constitue un crime de guerre au sens du Statut de Rome. De plus, les biens indispensables à la survie de la population civile sont spécifiquement protégés par le droit international humanitaire, qui interdit notamment aux parties de les attaquer, détruire ou mettre hors d’usage. Enfin, les parties doivent autoriser et faciliter le passage rapide et sans encombre de secours humanitaires destinés aux personnes civiles dans le besoin. Il est essentiel que les auteurs de violations de ces obligations soient tenus responsables de leurs actes.

Troisièmement, les personnes les plus vulnérables doivent être protégées. Dans ce contexte d’insécurité alimentaire aigüe et de conflit généralisé, les femmes et les filles sont en première ligne dans la recherche de moyens de subsistance. Elles sont alors exposées à des défis de protection majeurs, et particulièrement aux violences sexuelles et basées sur le genre. Il s’agit en outre de renforcer la résilience des communautés accueillant les personnes déplacées à l’interne par une approche d’assistance intégrée. 

Monsieur le Président,

La fenêtre d'opportunité pour inverser cette crise alimentaire catastrophique se ferme rapidement. Nous saluons, à ce titre, la conférence des donateurs qui se tiendra le 15 avril à Paris, et à laquelle la Suisse participera. Une aide financière n'est cependant pas suffisante. Il est essentiel de poursuivre tous les efforts diplomatiques pour faire cesser les combats et trouver une solution pacifique au conflit et, dans l’intervalle, appeler les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire. Ainsi, ce Conseil doit assumer sa responsabilité, comme il l’a décidé unanimement il y a cinq ans en adoptant la résolution 2417, et rester mobilisé pour briser le cercle vicieux entre les conflits armés et la faim.

Je vous remercie.

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