Madame la Présidente,

Comme mes collègues, je voudrais commencer par remercier le Japon d’avoir mis cette thématique importante à l’ordre du jour de ce Conseil. Je remercie également le Secrétaire général, Mme Mukhatzhanova et le docteur Floyd de leurs interventions et de leur engagement.

Les souffrances des centaines de milliers de victimes des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki ont été gravées dans la conscience collective de l'humanité en août 1945 et ne doivent jamais être oubliées. La prise de conscience de cette rupture traumatique est soulignée par le fait que la première résolution adoptée par l’Assemblée générale en janvier 1946 a été dédiée au désarmement nucléaire. Pendant des décennies, prévenir une nouvelle utilisation de l’arme nucléaire a été une raison d’être des Nations unies. Notre organisation a joué un rôle décisif à cet égard en permettant le dialogue même entre les fronts les plus durs, même dans les moments de tension extrême.

Car rappelons-nous qu’au moment où le monde se trouvait au bord du gouffre, lors de la crise des missiles de Cuba, les dirigeants d’alors ont su faire un pas l’un vers l’autre afin de contenir les dangers les plus effrayants. Ce moment de tension maximale a débouché sur un début d’entente et l’élaboration de multiples instruments de maîtrise des armements nucléaires dont le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

« Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. »

Alors que la volatilité géopolitique fait peser un risque d’utilisation de l’arme nucléaire sans précédent depuis la fin de la guerre froide, il est de notre responsabilité de nous assurer que cette vérité, vécue par les victimes d’Hiroshima et Nagasaki, affirmée par Messieurs Gorbatchev et Reagan en 1985 et réitérée par les membres permanents de ce Conseil en janvier 2022, ne reste pas lettre morte.

Pour ce faire, nous devons tout d’abord retrouver la voie du désarmement nucléaire, comme le Secrétaire général le souligne dans son Nouvel Agenda pour la paix. Le maintien de l’ordre international fondé sur le droit international et des règles est primordial pour notre sécurité collective. Avancer sur la voie du désarmement nucléaire est une obligation au titre du TNP. Les engagements pris dans ce traité restent valides et doivent être mis en œuvre. Nous sommes préoccupés par la dénonciation, voire la violation, d’instruments essentiels de maîtrise des armements nucléaires. Les trois plus grandes puissances nucléaires n’ont toujours pas ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Nous les appelons, ainsi que tous les autres États visés à l'annexe 2 du TICE, à signer et à ratifier cet instrument sans délai. De plus, ce Conseil devrait jouer un rôle clé afin de renforcer ces normes. Il devrait s’inspirer de ses actions passées, par exemple, de sa résolution 984 de 1995 par laquelle il a octroyé des garanties négatives de sécurité aux Etats non dotés.

En parallèle, Madame la Présidente, nous devons réduire les risques nucléaires. Ceci n’est ni un substitut ni un prérequis au désarmement nucléaire. Mais les risques que pose la course aux armements nucléaires sont incontestables et la récente rhétorique nucléaire employée est à condamner. De plus, les nouvelles technologies, en particulier dans le domaine digital ou de l’intelligence artificielle posent des défis inédits. La Suisse appelle les Etats dotés de l'arme nucléaire à mener un dialogue soutenu pour la réduction des risques nucléaires afin d’adopter des engagements concrets. Nous encourageons les États P5 et les Etats possesseurs de l’arme nucléaire à envisager des mesures tangibles de renforcement de la confiance, par exemple en établissant des canaux de communication de crise pour éviter les malentendus entre les détenteurs d'armes nucléaires. Nous appelons aussi tous les Etats possesseurs de l’arme nucléaire à faire preuve de transparence sur leurs politiques, doctrines et arsenaux.

Enfin, l'architecture mondiale de non-prolifération doit être maintenue et renforcée ; le désarmement et la non-prolifération nucléaire étant les deux faces d’une même médaille. Le TNP a fortement contribué à limiter le nombre d’Etats possesseurs de l’arme nucléaire, d’où l’importance de tout mettre en œuvre pour garantir sa pérennité. Des préoccupations majeures émanent du développement rapide des programmes nucléaires et balistiques en RPDC, du délitement progressif du Plan d’Action global commun et des nombreuses questions ouvertes suscitées par les rapports de l’Agence international de l’énergie atomique sur l’Iran. La Suisse rappelle que les résolutions de ce Conseil sont contraignantes et doivent être mises en œuvre par tous les États membres. Nous appelons aussi tous les États à appliquer les normes les plus élevées en matière de garanties nucléaires avec un accord de garanties généralisées complété par un protocole additionnel.

Madame la Présidente,

Ce Conseil a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Nous devons donc fournir des réponses aux risques nucléaires actuels. Les cinq membres permanents ont une responsabilité particulière de faire avancer le désarmement nucléaire. Ils ont également le devoir de respecter et maintenir les piliers de l’architecture de non-prolifération. Le renouvellement du mandat du groupe d’expert sur les sanctions imposées à la RPDC plus tard cette semaine, sera un nouveau gage de cet engagement. En tant que présidente du comité 1718, je prie tous les membres de ce Conseil de s’engager constructivement pour préserver cet instrument important pour le comité.

Comme l’a dit le Secrétaire général lors de son allocution à l’occasion de la dixième conférence d’examen du TNP : « La paix ne peut s’établir en l’absence de confiance et de respect mutuel. » Et tous les Etats ont une responsabilité de contribuer à reconstruire cette confiance. Dans cette veine, le Pacte pour l’avenir représente une occasion importante pour construire sur les leçons du passé, en réaffirmant et en reprenant la voie vers un monde exempt d’armes nucléaires. Assumons cette responsabilité maintenant, dans le présent.

Je vous remercie.

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