Madame la Présidente, 

Comme mes collègues, je voudrais commencer par remercier le Coordinateur spécial Tor Wennesland et Chris Lockyear de leurs présentations, qui ne peuvent nous laisser indifférents. Nous sommes consternés par les récentes attaques à Al Mawasi où des membres de famille du staff de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été tués – ces victimes s’ajoutent au nombre croissant de victimes que nous avons à déplorer. J’exprime mes sincères condoléances aux proches de toutes les victimes et à votre organisation, et j’exprime aussi mon admiration pour tous les humanitaires qui restent sur place pour travailler malgré les circonstances.

Il est de notre devoir, en tant que membres de ce Conseil, de réaffirmer notre attachement au principe d’humanité, qui est aujourd’hui sévèrement mis à l’épreuve au Moyen-Orient. Ce principe sous-tend les règles du droit international, en particulier du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et nous relie dans notre essence commune.

Nous regrettons la non-adoption d’une résolution appelant à la mise en place immédiate d’un cessez-le-feu humanitaire. 

Aujourd’hui – nous l’avons entendu – dans la bande de Gaza plus de 75% de la population est déplacée. Des centaines de milliers de civils sont assiégés et font face à la famine et aux épidémies. La plupart à Rafah, refuge pour plus d’un million de civils fuyant les combats et un conduit vital pour l’aide humanitaire à Gaza. La Suisse est profondément préoccupée par les conséquences humanitaires catastrophiques que pourrait avoir une large offensive militaire d’Israël à Rafah – tant directement pour la population civile que pour l’acheminement de l’aide humanitaire. 

Nous condamnons le fait que les hostilités continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils à Gaza. Nous comptons aujourd’hui près de 30'000 personnes tuées, dont une majorité de femmes et enfants. En quatre mois, les bombardements répétés de zones urbaines densément peuplées ont détruit 70% des infrastructures civiles à Gaza.

Nous réitérons aussi notre ferme condamnation des actes de terreur et des attaques indiscriminées du Hamas dès le 7 octobre et nos appels répétés à la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Le droit international humanitaire interdit les prises d’otages et exige à ce que les personnes ‘hors de combat’, qu’elles soient détenues, blessées ou malades, soient traitées avec humanité.

La Suisse appelle toutes les parties au conflit, conformément à l’article 1 commun aux Conventions de Genève, au strict respect du droit international humanitaire, et à prendre les mesures concrètes pour épargner et protéger la population civile. Cela comprend notamment les principes fondamentaux de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités. Dans ce sens, la Suisse rappelle également que les tirs de roquettes indiscriminés sont interdits par le droit international humanitaire.

Il est important de réitérer que les unités sanitaires, telles que les hôpitaux doivent être respectées et protégées en toutes circonstances. Elles bénéficient d’une protection spéciale sous les Conventions de Genève [Art. 20 GC IV]. Elles ne doivent pas faire l'objet d'attaques ni être utilisées en dehors de leur fonction humanitaire pour commettre des actes nuisibles à l'ennemi. 

Nous sommes profondément préoccupés par les conséquences de l’effondrement du système de santé dans la bande de Gaza sur les civils, dont près de 70’000 personnes blessées. Selon l’article 55 de la quatrième Convention de Genève, « la Puissance occupante a le devoir d’assurer l’approvisionnement de la population en vivres et en produits médicaux ». Cela doit être fait, maintenant.

A cet égard, la Cour internationale de justice a été claire : Israël doit prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture, dans toute la bande de Gaza, des services de base et de l’aide humanitaire requise de toute urgence. La Suisse rappelle à Israël qu’il doit se conformer à l'ordonnance de la Cour et prendre notamment les mesures nécessaires en ce sens. 

Nous l’avons entendu, les opérations d’aide humanitaire déjà fragilisées ne peuvent être maintenue à flot, sans garanties de sécurité adéquates et sans accès suffisant pour le personnel humanitaire.

À court terme, nous ne voyons pas d’alternative à l’UNRWA pour sauver des vies, offrir un abri et organiser l’assistance aux civils à Gaza. A la suite des accusations graves dont certains employés de l’UNRWA font l’objet, nous attendons des enquêtes indépendantes qu’elles jettent toute la lumière sur ces allégations et appelons à toute coopération nécessaire à cette fin. 

Madame la Présidente, 

Nous devons travailler dès maintenant à la protection des civils déplacés à l’intérieur de la bande de Gaza. Celle-ci doit faire partie intégrante du futur Etat palestinien vivant côte-à-côte avec Israël en paix et en sécurité. 

La Suisse reste à disposition pour soutenir les efforts diplomatiques sur le terrain. Un cessez-le-feu humanitaire à Gaza est nécessaire, aussi pour parvenir le plus rapidement possible à une désescalade au niveau régional. Nous nous tenons prêts à coopérer avec tous les membres du Conseil pour trouver un consensus à la recherche d’une solution qui puisse mettre fin à la souffrance humaine et relancer les perspectives de paix. 

Je vous remercie.

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