Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.

Monsieur le Président,

Je vous remercie d'avoir organisé cette réunion et remercie également le Secrétaire général, la Directrice exécutive Waly, ainsi que la Professeure Cammett et Madame Nyanjura de leurs remarques.

Nous l’avons entendu, la criminalité organisée alimente et se nourrit de la violence. Il s’agit d’un cycle néfaste qui dépasse souvent les frontières. Qui met en péril les efforts des gouvernements nationaux et de ce Conseil en faveur de la paix et de la sécurité.

Ce Conseil l’a lui-même reconnu. L'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, basée à Genève, a fait le compte : dans près de la moitié de ses résolutions en 2022, ce Conseil a mentionné le crime organisé et les marchés illicites.

Mais le crime organisé et la violence qu’il engendre ne sont pas une fatalité, Monsieur le Président. C’est à nous, dirigeants et dirigeantes politiques, de priver cette herbe nocive de son terreau.

Nocive, parce que la violence sème la peur dans les sociétés et érode leur confiance dans la capacité des institutions.

Nocive, parce que la violence mine les perspectives des jeunes et accroît les inégalités. L’inégalité entre les couches sociales, mais également entre les genres.

Nocive, parce que ces structures criminelles et les modèles de gouvernance patriarcaux se renforcent mutuellement et favorisent la violence sexuelle et fondée sur le genre, comme en témoignent les exposés d’aujourd’hui.

Cela nous amène à la conclusion suivante : nous devons miser sur la société civile et la perspective de genre pour parvenir à des analyses de risques pertinentes, des réponses ciblées au crime organisé.

Quel autre choix pouvons-nous faire pour briser le cycle de la violence engendré par la criminalité transnationale ?

En effet, tout commence par un seul choix fondamental : celui de faire de la prévention – le concept au centre du Nouvel Agenda pour la paix – une priorité politique. Car dans l’immédiat, il s’agit de contenir la propagation du crime organisé. Mais en même temps, nous devons dès maintenant éradiquer ses racines.

Prévenir veut dire bâtir la confiance des sociétés dans leurs institutions. Renforcer le cadre démocratique et l'État de droit. Respecter les droits humains sans faille, en ligne comme hors ligne. Et permettre à tous les membres de la société de devenir des agents de changement. Parmi ces derniers, les femmes sont souvent les piliers essentiels d’une communauté résiliente.

La Suisse a fait le choix de la prévention. C’est pourquoi nous soutenons, par exemple, l’ONG nigériane Women's Aid Collective qui s’engage à prévenir la traite des êtres humains, en impliquant tant les chefs traditionnels et religieux que les influenceurs des médias sociaux.

C’est aussi pourquoi, au niveau international, la Suisse a co-fondé avec le Brésil et la Sierra Leone l’initiative Pathfinders pour promouvoir des sociétés pacifiques et ouvertes, en accord avec les Objectifs de développement durable. Dans ce cadre, mon pays s’engage à côté de 45 autres Etats pour la réduction par moitié de la violence mondiale jusqu’en 2030. Pour ce faire, nous misons également sur la recherche scientifique. En 2023, les Pathfinders ont réalisé trois études nationales sur le coût de la violence, dont une sur la Suisse. Une telle analyse permet d’identifier des mesures spécifiques au contexte pour prévenir et réduire la violence de manière efficace.

Monsieur le Président,

En fin de compte, l’ensemble de nos choix, de nos décisions déterminera si le crime organisé se propagera ou plutôt le développement durable et la paix.

Chaque pays est invité à s’engager davantage dans la prévention, en se dotant d’une stratégie nationale en la matière. Pour suivre la mise en œuvre des efforts nationaux, la communauté internationale peut utiliser le mécanisme de revue de la convention UNTOC.  

Dans le cadre de cette convention, chaque Etat membre est invité à faire le choix de la coopération, avec ses Etats voisins et au sein de l’ONU, pour enrayer durablement le crime organisé. Les défis transnationaux requièrent une réponse multilatérale.

Enfin, faire le choix de la prévention et d’une paix durable, c’est placer les droits humains au cœur de nos efforts nationaux et multilatéraux. 

Comme le soulignait le Haut-Commissaire aux droits de l’homme lors du débat ouvert sous présidence suisse en mai dernier : le respect des droits humains est la base de la confiance dans notre lutte contre les menaces à la paix et à la sécurité.

Le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme est une occasion clé pour nous unir derrière ce point de départ commun.

Car le meilleur antidote au crime organisé et à la violence reste une vie libre et digne, pour chacune et chacun. Faisons ce choix, et faisons-le maintenant.

Je vous remercie.