Madame la Présidente,

Je remercie la Représentante spéciale du Secrétaire général pour son intervention.

Je souhaite la bienvenue à leurs Excellences, Président Vučić et Premier ministre Kurti. Votre présence ici aujourd’hui témoigne de l’importance que vous accordez à cette discussion. En cette période de tensions, des paroles et des actions mesurées et prudentes sont de mise.

Cet appel reflète l’attachement profond de la Suisse à la paix dans les Balkans occidentaux. Nous sommes engagés depuis un quart de siècle aux côtés de nombreux acteurs nationaux et internationaux pour cela, y compris pour la réconciliation et l’apaisement des relations inter-ethniques.

Des progrès ont été réalisés en termes de vivre ensemble. Or, ces avancées sont désormais menacées par des tensions profondes. Ces tensions ont notamment atteint un nouveau degré avec l’attaque à Banjska en septembre dernier. La Suisse réitère son soutien à la KFOR, qui a permis d'éviter que la situation ne s'aggrave encore. Nous appelons la Serbie à garantir que les personnes impliquées dans les attaques de Banjska rendent compte de leurs actes. 

Les efforts à la désescalade doivent urgemment se poursuivre.

La Serbie et le Kosovo ont la responsabilité de s'abstenir de mesures et d'actions susceptibles d'aggraver la situation. Les pistes pour construire la confiance existent :

Le dialogue facilité par l’Union européenne est le cadre dans lequel les deux parties peuvent et doivent aborder les questions litigieuses. Cela comprend les questions qui nous ont portés à nous réunir aujourd’hui, à savoir la mise en œuvre du nouveau règlement introduit par la Banque centrale du Kosovo.

La Suisse reconnaît la légitimité des objectifs poursuivis par ce règlement, notamment la transparence des flux financiers et la lutte contre la contrefaçon et le blanchiment d'argent. Nous partageons toutefois les préoccupations quant à la communication sur la décision de la Banque et surtout sa mise en œuvre à court terme. Les actions non-concertées avec les populations concernées, perçues comme une mesure délibérément restrictive à l’égard d’un groupe ethnique en particulier, peuvent miner la confiance. L’annonce du gouvernement et de la Banque centrale du Kosovo selon laquelle une période transitoire est prévue, tout comme une communication renforcée, est donc à saluer. La Suisse appelle aux autorités du Kosovo à mettre en œuvre ces engagements, et à renforcer sans délai le dialogue avec la population serbe du Kosovo, directement concernée par ce règlement.

Madame la Présidente,

Des efforts accrus du Kosovo et de la Serbie sont nécessaires pour trouver des compromis.

La construction de relations de bon voisinage exige surtout que les deux parties mettent en œuvre leurs engagements au titre de l’accord de Bruxelles et l’accord d’Ohrid de 2023. Nous saluons les progrès réalisés à cet égard, y inclus la reconnaissance mutuelle des plaques d'immatriculation des véhicules, ainsi que des pas vers la mise en œuvre des accords sur l’énergie. Nous encourageons les deux parties à reprendre ce chemin et à progresser vers la normalisation des relations en bonne foi. 

La Suisse est prête à continuer à contribuer au processus de normalisation. Nous restons fermement convaincus que ce processus est la voie vers des sociétés multiethniques pacifiques et prospères. 

Je vous remercie.